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Forever Godard

Jean-Luc Godard
CC BY-NC 2.0 Ian W. Hill

~ Toute l'équipe de la numothèque Grenoble-Alpes vous souhaite une belle et heureuse année 2023 ! ~

 

Parler d’un des plus grands cinéastes français de tous les temps en quelques lignes : la tâche est ardue ! Il était pourtant impossible de ne pas le faire après son décès survenu en septembre 2022, sachant que nous avons acquis une partie des films qu’il a réalisés sur CinéVOD. C’est donc avec un sentiment paradoxal de joie et de tristesse, que je vais essayer de mettre des mots sur ce que Jean-Luc Godard a apporté au 7e art.

 

Né à Paris en 1930, il passe une partie de son enfance en Suisse où il se passionne très rapidement pour le sport qu’il pratique intensivement (football, ski, basket-ball…), mais aussi pour la peinture. Après le collège, il est envoyé à Paris au lycée Buffon pour préparer le baccalauréat, mais il échoue deux fois (il l’obtiendra lors d’une troisième tentative en Suisse). Il semble déjà s’intéresser plus au cinéma et à la lecture (notamment de revues critiques de cinéma) qu’aux études.

 

C’est ainsi qu’il deviendra lui-même critique de cinéma dans la célèbre revue les Cahiers du cinéma, à partir des années 1950 tout en tournant ses premiers courts-métrages. C’est à cette époque qu’il rencontre d’autres grands réalisateurs français tels que François Truffaut, Claude Chabrol et Eric Rohmer.

 

Il se lie d’amitié avec Truffaut avec qui il va collaborer pour réaliser son premier long-métrage, A bout de souffle. En effet, c’est Truffaut qui écrit le scénario de ce qui va devenir l’un des films phares de la Nouvelle vague, un cinéma résolument anticonformiste et iconoclaste qui continue aujourd’hui encore à influencer beaucoup de réalisateurs à travers le monde et qui s’inspire souvent du film noir américain.

 

Il est impossible ici de citer tous les films de Godard, mais il faut tout de même retenir qu’il n’a cessé de changer, de se réinventer, dans son style, dans sa recherche de nouvelles formes de cinéma avec une haute exigence qui n’a jamais diminué. Vous pourrez visionner sur CinéVOD Bande à part, une de ses nombreuses collaborations avec sa compagne et grand amour, Anna Karina. Ce film est typique de la Nouvelle vague car il mêle des éléments identifiables de ce cinéma : le burlesque, la révolte contre l’ordre établi, la nonchalance mais aussi une certaine mélancolie qui crée un maelstrom d’émotions antagonistes.

 

Plus tard, à la veille de Mai 68, c’est un Godard ultra-politisé, voire radical qui tourne des films totalement ancrés dans leur époque. C’est donc avec son regard de maoïste qu’il réalise la Chinoise (avec deux autres acteurs avec qui il collabore fréquemment, Anne Wiazemsky et Jean-Pierre Léaud), un véritable brûlot influencé par la pensée marxiste-léniniste chinoise où il change également de style de mise scène en cassant souvent les codes de la narration classique. Il poursuivra dans la même veine en attaquant les habitudes des bourgeois et de la nouvelle classe moyenne, notamment en visant la société de consommation et le tourisme de masse dans Week-end ou encore en montrant la prise de pouvoir d’ouvriers d’une usine qui tiennent en otage leur patron dans Tout va bien.

 

Jusqu’à la fin de sa vie, il aura testé d’autres formes de cinéma jusqu’au superbe Livre d’image, à la frontière du cinéma expérimental qui a fait de Godard l’un des cinéastes les plus innovants de son époque malgré son âge avancé et qui reste encore largement copié jusqu’aux moindres petits détails.

 

Par Samir, bibliothèque municipale de Grenoble