Les livres recommandés par vos bibliothécaires - 50

Dorothée a aimé ce roman historique teinté d'humour. Agnès recommande ce roman noir dont on sait par avance qu'il va mal se terminer. Pauline recommande un conte de fées écrit par Stephen King. Pierre nous livre un avis partagé sur un western noir au féminin. Cécile a aimé ce roman de fantasy hanté par de dangereux et fascinants revenants. Myriam partage son avis mitigé sur un ouvrage qui dénonce les illusions des livres de développement personnel.

La vengeance de Fanny / Yaniv Iczkovits

Par Dorothée, bibliothèque de La Tronche

Un roman comme on n'en fait plus

Loin d'une paisible balade, entre folie et désespoir, ce roman nous emporte dans d'épiques aventures aux confins de la Russie de la fin du XIXème siècle. Une communauté juive, très ancrée dans les traditions, vit dans une fidèle observance des textes. Les hommes abandonnent parfois leurs familles, convaincus de trouver meilleure fortune en ville. Mendé fait partie de ces femmes délaissées. Submergée de désespoir, elle se jette dans la rivière Yasselda. Sa soeur Fanny, surnommée la bête sauvage, part alors à la recherche de son beau-frère. Une histoire et des personnages pittoresques, un fond historique et un humour omniprésent.

Feux dans la plaine / Olivier Ciechelski

Par Agnès, bibliothèque municipale de Grenoble

Roman noir
Avant même de finir le livre, on est sûr que ça va mal se terminer. Effectivement, on n’est pas déçu, sauf que je ne l’avais pas imaginé ainsi, grâce à une chute bien amenée.
Tout allait bien pour Stan dans sa nouvelle vie de jeune retraité de l’armée, jusqu’au jour où tout dérape et l’oblige à partir en cavale dans un territoire montagneux, hostile et nourricier dont il ne maîtrise pas vraiment les codes, mais que sa formation de commando va sauver à maintes reprises.
On chemine avec lui, aussi bien sur les itinéraires qu’il emprunte que dans son esprit et l’on ressent les douleurs des blessures anciennes et présentes, l’instinct de survie, l’intensité des sensations/joies/difficultés au contact de la nature, des animaux… qui sont finement rendues et amènent peu à peu une empathie pour cet anti-héros qui avance sans savoir où ses pas vont le porter. C’est aussi l’occasion de redécouvrir le monde sauvage, à côté de chez nous, une réflexion, un questionnement sur nos modes de vie... On sent aussi le côté scénariste /cinéma, dans la mesure où l’on n’a aucun mal à visualiser les décors et se projeter dans l’action ! Adaptation cinématographique en vue ?. C'est une belle surprise au final.

Conte de fées / Stephen King    

Par Pauline, bibliothèque municipale de Grenoble

Le maître de l'horreur investit la fantasy

Mais de quel conte de fées veut nous parler Stephen King ? De tous ! De toutes les histoires qui peuplent le monde, celles qu’on lit et celles dont on fait soi-même partie…
Enfant, Charlie perd sa mère, percutée par un camion sur un pont. Inconsolable, son père sombre dans l’alcool. Seul un miracle pourrait le sauver… Un miracle qui apparaît sous la forme des Alcooliques Anonymes, qui l'aident petit à petit à remonter la pente. Charlie grandit avec en tête l’idée qu'il doit un jour régler sa dette à l’univers. Lycéen, c’est un bon gars, droit, studieux, sportif. Quand il croise la route de son mystérieux et grincheux voisin, il est loin de se douter des responsabilités qui vont s’abattre sur lui. Car dans un autre monde, assez semblable à celui de nos contes de fées, une terrible malédiction rend la vie impossible à tous les citoyens. Un roi démoniaque sème la terreur et a exilé et mutilé les derniers représentants de la lignée royale. Charlie, la droiture même, a tout du prince… Parviendra-t-il à sauver le royaume ?

Loin en amont du ciel / Pierre Pelot

Par Pierre, bibliothèque de Seyssinet-Pariset

Un western au féminin

Fin de la guerre de Sécession, Sud des États-Unis, les soeurs McEwen assistent au massacre d'une partie de leur famille par une horde de bandits sans foi ni loi. Dès lors, elles n'auront plus qu'une idée : la vengeance. S'en suit un road trip sur les routes du Sud, des rencontres et la formation d'une bande de femmes traquant sans relâche les auteurs des crimes odieux.

Pierre Pelot propose un western noir au féminin, violent et d'une grande force. Néanmoins, il m'a fallu dépasser les 40 premières pages pour rentrer pleinement dans le roman. L'auteur a fait le choix d'imbriquer le récit d'un journaliste qui enquête lui-même sur un homme en relation avec les soeurs McEwen. À mon sens, cette construction narrative n'apporte rien, voire même dessert le roman. Par ailleurs, on peut parfois être un peu décontenancé par le style de l'auteur qui étire ses phrases, mais au fur et à mesure du récit, l'écriture se resserre et devient plus nerveuse, à l'image de la quête des trois soeurs.

Vespertine / Margaret Rogerson

Par Cécile, bibliothèque de Saint-Martin-d'Hères

À tous ceux qui, à une fête, préfèrent rester assis dans un coin à caresser le chien plutôt que d'aller parler aux autres invités

Artemisia est une nonne dont la mission est de purifier le corps des défunts pour protéger la population des esprits vengeurs, dont les caractéristiques dépendent directement de la façon dont ils ont perdu la vie. Ce travail lui convient parfaitement puisqu'elle préfère largement la compagnie des morts à celle des vivants, avec qui elle rencontre des difficultés pour communiquer. En faisant malgré elle appel à celui qu'on nomme le Revenant pour sauver son couvent d'une attaque de spectres, elle va pourtant être mise sur le devant de la scène...
Dans ce roman, nous suivons donc Artemisia dans l'évolution de sa relation avec le Revenant, à qui il va lui falloir apprendre à faire confiance. Ensemble, ils enquêtent sur l'origine mystérieuse des attaques et essaient d'arrêter la personne qui se cache derrière tout ça. Plus que tout, ils vont apprendre à voir au-delà des apparences... Artemisia et le Revenant font un duo comique qui fonctionne bien et, par leurs différences, ils se complètent l'un l'autre à merveille.

Margaret Rogerson nous livre encore une fois un roman très chouette avec une héroïne véritablement différente de celles dont on peut avoir l'habitude ainsi que, dans l'ensemble, des personnages qui ne sont ni tout blanc ni tout noir et dont elle maîtrise parfaitement l'écriture.

Le développement (im)personnel / Julia de Funès

Par Myriam, bibliothèque municipale de Grenoble

Des fausses promesses du développement personnel à la philo libératrice

Julia De Funès décrypte dans cet ouvrage les ficelles des livres de développement personnel pour en dénoncer les illusions. Les éclairages historiques, la description des recettes prêtes à l'emploi amènent à une prise de distance vis-à-vis de cette prolifique production éditoriale. La critique est sans concession pour les "effets indésirables" et "les réconforts imaginaires" de ces "guides d'égarement".
La deuxième partie de l'ouvrage, un peu plus ardue, détaille les idéologies à l'œuvre dans les guides de développement personnel et ouvre sur ce que la philosophie peut apporter de plus libérateur. L'auteur, docteur en philosophie, prêche pour sa paroisse. Bien que l'ouvrage apporte un recul intéressant, la vision de l'auteur, rejetant les apports des neurosciences ou encore de la psychologie, est trop catégorique (comme l'objet de sa critique ?) pour complètement emporter l'adhésion.

C’est néanmoins l’occasion de se confronter à une approche philosophique de grandes questions : quelle place des émotions dans la pensée, peut-on se connaître soit-même, existe-t-on sans le regard de l’autre... . Chacun puisera ce qui lui permettra de cheminer dans ses questions existentielles.